Le 12e régiment de cuirassiers sous le Premier Empire

Le 12e régiment de cuirassiers sous le Premier Empire

Page établie le 15 juin 2023.



Source : Historique du 12e cuirassiers (voir bas de page) sur Gallica, BNF.



Le régiment, créé le 24 mars 1668 par Louis XIV sous le nom de Dauphin-Cavalerie, a combattu dans toutes les grandes guerres sous l’Ancien Régime et fait la plupart des campagnes de la période révolutionnaire. Le 1er janvier 1791, il est simplement nommé 12e régiment de cavalerie, et, sous le Consulat, à la suite de l’arrêté du 24 septembre 1803, il devient le 12e régiment de cuirassiers en adoptant le casque et la cuirasse complète. Sous l’Empire, en 1805, fort de cinq cents sabres (dont vingt-cinq officiers), commandé par le colonel Belfort, le 12e cuir se trouve dans la 1ère division de réserve de grosse cavalerie Nansouty, brigade Saint-Germain.


Le 20 septembre 1805, au sein de la réserve de cavalerie sous Murat, le 12e cuirassiers franchit le Rhin pour s’engager dans la première campagne d’Allemagne. Le 2 décembre, à Austerlitz, le régiment, pourtant réduit de moitié par des marches rapides et harassantes, en trois charges successives avec le 3e et le 9e cuirassiers, enfonce et disloque la deuxième ligne autrichienne. Le 27 décembre, le colonel Belfort étant promu général de brigade, c’est le colonel Dornes, ex-major du 1er cuirassiers, qui prend le commandement.


En 1806, après la bataille de Iéna, la grosse cavalerie harcèle les Prussiens l’épée dans les reins.


En juin 1807, avant et pendant la bataille de Friedland, la division Nansouty, avec le 12e cuir, quelque six cents sabres, charge une quinzaine de fois (!) et écrase des forces russes supérieures en nombre. De nouveau réduit de moitié, le 12e cuirassiers, cantonné près de Francfort, puis à Hoya dans le Hanovre en 1808, voit son effectif porté à près de huit cent cinquante hommes et près de neuf cents chevaux.


En avril 1809, le régiment participe brillamment à la bataille d’Eckmühl, où il culbute la cavalerie autrichienne, la poursuit jusqu’à Ratisbonne et, après trois charges vigoureuses, la rejette sur l’autre rive du Danube. Le 21 mai, à Essling, la brigade Saint-Germain, arrivée tardivement, réussit pourtant à contenir les assauts adverses, et, le lendemain, charge furieusement l’infanterie et la cavalerie autrichiennes, mais doit finalement regagner l’île de Lobau. Le 6 juillet, à Wagram, la division Nansouty pourfend et disperse les carrés de l’ennemi, puis bouscule sa cavalerie. Au terme de cette brillante campagne, le 12e cuir ne se compose plus que d’environ quatre cent cinquante hommes. Le colonel Dornes, promu général de brigade, est remplacé à la tête du régiment par le colonel Curnieu, ex-adjudant-commandant, chef d'état-major de la 2e division de grosse cavalerie.


En 1812, durant la campagne de Russie, le 12e régiment fait partie de la 5e division de cuirassiers Valence, brigade Lagrange, dans le 1er corps Nansouty de la réserve de cavalerie sous Murat. Le 7 septembre, à la bataille de la Moskowa, le 1er corps Nansouty prend part à la charge contre la Grande Redoute. La grosse cavalerie de la garde russe, qui contre-attaque, est défaite et repoussée par les cuirassiers français, lesquels talonnent l’ennemi jusqu’à Moscou. Le 18 octobre, les Russes assaillent l’avant-garde de Murat ; en une douzaine de charges, les cuirassiers brisent leur assaut et anéantissent une de leurs divisions. Le 21 novembre, au cours de la retraite, les débris du 12e cuir livrent encore un sanglant combat : le colonel Curnieu (qui mourra en captivité l’année suivante) et trois capitaines sont faits prisonniers ; deux autres capitaines sont tués… Replié à Francfort, Le régiment ne compte plus que quatre-vingts hommes revenus de Russie sur près de mille au départ.





En 1813, pendant la seconde campagne d’Allemagne, le 12e cuir, commandé par le colonel Daudiès, ex-major du régiment, fait partie de la 1ère division de cuirassiers Bordesoulle, brigade Quinette, dans le 1er corps Latour-Maubourg. Le 22 mai, à la suite de la bataille de Bautzen, à Reichenbach, les cuirassiers renversent l’ennemi qui s’enfuit en désordre. Le 28 mai, à Jauer, le 12e charge encore avec succès la cavalerie russe. Le régiment comprend alors environ trois cents hommes seulement. Le 27 août, à Dresde, la division Bordesoulle rompt et sabre la masse d’infanterie adverse, qu’elle poursuit victorieusement le lendemain. En septembre, après les nombreux combats et les marches forcées, le 12e cuirassiers est réduit aux deux tiers. Le 16 octobre, près de Leipzig, le corps Latour-Maubourg enfonce les forces ennemies, mais il est contraint de reculer face à une violente contre-attaque de la garde russe. Le jour suivant, les cuirassiers parviennent à conserver leur position au terme d’une lutte acharnée. Toutefois, écrasés par l’artillerie adverse, ils se replient et couvrent la retraite. A la fin, le 12e réunit moins d’une centaine d’hommes.


Le 2 février 1814, lors de la campagne de France, à Rosnay, le 12e cuir, au sein du corps Doumerc, balaie un bataillon de Bavarois qui franchit la Voire afin de tourner l'armée française, et le renvoie sur l’autre rive. Le 10 février à Champaubert, les cuirassiers, dont le 12e régiment, chassent les avant-postes de l’ennemi, puis, profitant d’un flottement dans ses carrés, les chargent à fond, les acculent aux bois et aux étangs, et les massacrent. Le 14 février, à Vauchamps, ils se précipitent sur les derrières prussiens, rompent les lignes, enfoncent les carrés, sèment le désordre dans les rangs adverses, puis, dans la nuit, malgré l'obscurité, délogent encore une unité retranchée dans un village. A ce moment, la cavalerie est réorganisée : le 12e cuir est placé dans la 1ère brigade de la division Bordesoulle. Le 17 février, à Valjouan, deux escadrons de conscrits dispersent un parti de uhlans, puis un autre de hussards. En avril, le régiment comprend moins de cent cavaliers.


Pendant les Cent-Jours, le 12e cuirassiers, commandé par le colonel Thurot, se trouve dans la division de grosse cavalerie Watier, brigade Travers, au sein du corps Milhaud. Début juin 1815, en vue de la campagne de Belgique, il est articulé en deux escadrons rassemblant deux cent cinquante hommes au total. Le 16 juin, à Ligny, les cuirassiers de Milhaud culbutent et sabrent les réserves prussiennes. Le lendemain, aux Quatre-Bras, ils écrasent les hussards anglais. Le 18 juin, à Mont-Saint-Jean (Waterloo pour les Anglais), le 12e cuir soutient la division Quiot sous les murs de la ferme de la Haie-Sainte, puis contribue à son enlèvement après avoir détruit la brigade de grosse cavalerie Ponsonby. Plus tard, le régiment participe à la grande charge de tous les cuirassiers contre les carrés anglais, lesquels, dans l’ensemble, sont ébranlés, amenuisés, mais ne sont pas disloqués.


Le 16 juillet 1815, Louis XVIII licencie le 12e régiment de cuirassiers.


Source : Historique du 12e cuirassiers (1668 – 1888) par René de Place, lieutenant au 12e cuir (éditeur A. Lahure, Paris, 1889).



Source : Historique du 12e cuirassiers (voir ci-dessus) sur Gallica, BNF.



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