Les despotats, les brancardiers de la Grande Armée

Les despotats, les brancardiers de la Grande Armée

Page modifiée et augmentée le 3 mars 2025.



Source : forum SEHRI, opuscule Rudy Meylemans.

Infirmier-brancardier en 1812.


DESCRIPTION TENUE : souliers noirs, hautes guêtres noires, culotte et gilet blancs, habit marron à grands revers, collet, épaulettes, parements de manches et retroussis de basques écarlates (tous les éléments écarlates passepoilés de blanc), boutons jaunes ou blancs, baudrier blanc porte-sabre briquet, bretelles blanches pour havresac avec, au-dessus, traverse de brancard, portant la mention « SECOURS aux BRAVES », shako noir, avec numéro de l'unité sur plaque en laiton, surmonté d'une cocarde et d'un petit plumet ou pompon écarlates ; autour de la taille, une moitié de la toile du brancard et, à la main, l'un des montants muni d'un fer de lance pouvant servir d'arme.



Les infirmiers-brancardiers. Un décret impérial du 13 avril 1809 crée un corps d'infirmiers militaires composé de dix compagnies de cent vingt-cinq hommes, divisées en deux pelotons, quatre sections, huit escouades de douze infirmiers (plus une escouade spéciale de huit ouvriers), commandées par un centenier (rang de sous-lieutenant et non de capitaine), secondé par un sous-centenier et assisté d'un sergent-major, avec un caporal-fourrier pour s'occuper de l'équipement et deux cornets pour transmettre les ordres sonores aux cinq sergents, dix caporaux, quatre-vingt-seize infirmiers (dont trente-deux brancardiers) et huit ouvriers (cuisiniers, tailleurs, cordonniers, couteliers). En principe, une compagnie doit être affectée à chaque corps d'armée. En fait, dès septembre 1809, sont formées cinq compagnies en Autriche, trois en Espagne et deux en Italie.



Source : Souvenir napoléonien.

« Reconstituteurs »* incarnant des infirmiers-brancardiers en 2025.

* Néologisme forgé sur le verbe constituer issu du latin constituere, « établir », dont, par ajout du suffixe masculin -tor désignant l’auteur d'une action, est dérivé le nom constitutor, « fondateur », qui donne reconstituteur en français.



Source : Wikimedia Commons.

Sergent-infirmier avec son galon argenté sur la manche.



Les brancardiers ou despotats. Le fameux chirurgien en chef Pierre-François Percy organise les premières unités de « soldats d'ambulance » en 1808 au cours de la guerre d'Espagne, mais c'est seulement en décembre 1813 qu'il convainc l'Empereur d'instituer un corps particulier de brancardiers militaires sur le modèle de celui des infirmiers qui pourront se consacrer au service des ambulances et des hôpitaux de campagne. Appelés despotats ou dépotats (nom d'origine mystérieuse dans ce sens), ces brancardiers sont chargés de transporter les blessés du champ de bataille aux lieux de soins, voire de les convoyer et de les protéger si nécessaire avec leur sabre briquet et leur pique ainsi qu'avec le fusil des sous-officiers. Ils sont également en mesure d'apporter des premiers soins superficiels : donner à boire et laver les plaies. A cet effet, ils disposent, au fond de leur shako, maintenu par une bande de cuir, d'un petit seau en fer blanc contenant deux flacons d'eau et une éponge.

Equipement des brancardiers. Par équipe de deux, les despotats portent les éléments d'un brancard démonté : chacun emporte une traverse en noyer ou en chêne, arrimée sur le sac à dos ; à la main, un montant en sapin, très résistant, muni, à une extrémité, d'un fer de lance (donc, pouvant servir d'arme) et, à l'autre extrémité, d'un talon métallique pour planter la pique dans le sol ; autour de la taille ou dans le havresac, une moitié de la toile (croisée et serrée : coutil) de brancard avec lacet et oeillets afin de la raccorder à l'autre moitié.



Source : forum SEHRI, opuscule Rudy Meylemans.

Despotats et leur équipement, en action.


Source : Valérie Valeix, autrice de romans historiques et « reconstitutrice ».

Despotat vu de dos par un « reconstituteur ».



Conduite des despotats. Les compagnies de despotats, constituées tardivement, seront peu nombreuses et ne rendront pas les services attendus. En effet, le recrutement de ces brancardiers, le plus souvent des soldats vigoureux, mais à qui il manque des doigts pour manier une arme ou des dents pour déchirer une cartouche, s'avère pour le moins douteux et inadapté. En tout cas, les despotats ont plutôt mauvaise réputation ; ils sont souvent accusés de détrousser les malades et de leur prendre leur nourriture ! Voici l'exemple d’un témoignage défavorable, peut-être du chirurgien Percy lui-même : C’était le rebut et la honte de la société : presque tous, flétris [condamnés] pour des crimes, étaient des étrangers échappés des bagnes de Gênes, de Civitavecchia ou de Malte ; ils n’étaient attirés dans les hôpitaux que par la soif de l’argent dont ils  dépouillaient les malades ! Certains ont pourtant porté secours aux blessés et permis à ceux-ci d'être sauvés...



Source : France, services sanitaires.

Caporal-infirmier (avec ses deux galons écarlates sur la manche), despotat et médecin.



Source principale : MEYLEMANS, Rudy, Le despotat, « L'histoire et le service de santé », Gazette médicale - opuscule transmis par Valérie Valeix.




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Alain Cerri : E-mail.