Source : Adrian Goldsworthy, The Complete Roman Army.
* Néologisme forgé sur le verbe constituer issu du latin constituere, « établir », dont, par ajout du suffixe masculin -tor désignant l’auteur d'une action, est dérivé le nom constitutor, « fondateur », qui donne reconstituteur en français.
La CAVALERIE romaine du IVe siècle en Occident est surtout de ligne ou légère et compte peu de cavaliers entièrement cuirassés (clibanarii), voire en armure sur des chevaux caparaçonnés (cataphractarii), employés en Orient contre leurs homologues. Dans l’armée des Gaules, la Notitia Dignitatum ne mentionne qu’une seule unité de ce type : les equites sagittarii clibanarii, des archers revêtus d’une cotte de mailles (lorica hamata) pesant de dix à douze kilos (voir photo ci-dessus et liste ci-dessous).
La cavalerie de ligne, chargée d’affronter une cavalerie similaire, de soutenir la légère ou de bousculer une infanterie rangée en bataille (enfin, de le tenter, car les chevaux s’arrêtent devant un mur maintenu de boucliers et de lances), est formée de cavaliers équipés comme des fantassins légionnaires sans cotte de mailles (casque métallique, grand bouclier, épée, javelot lourd ou lance), dits « porteurs d’armes » (armigeri, trois unités dans la liste ci-dessous) ou « porteurs de grands boucliers » (scutarii, deux unités dans la liste ci-dessous).
La cavalerie légère, chargée de la reconnaissance, du harcèlement et de la poursuite, comprend deux catégories de cavaliers : ceux dits « porteurs de petits boucliers » (cetrati, deux unités dans la liste ci-dessous) et les archers (sagittarii, dix unités dans la liste ci-dessous). Les premiers emportent des javelots légers (tela), en général deux ou trois, lancés, au plus loin, depuis une quarantaine de mètres ; les seconds sont dotés d’un arc (arcus) qui projette des flèches (sagittae), au maximum une vingtaine dans le carquois, à plus de cent mètres.
Hiérarchie des grades dans une unité de cavalerie organisée à la romaine (600 cavaliers au maximum) |
Catégorie et commandement | Equivalents armée française |
tribunus | officier supérieur, commandant en chef | lieutenant-colonel |
primicerius | officier supérieur, commandant en second | chef d'escadrons |
ducenarius | officier subalterne, chef d'escadron | capitaine |
centenarius | officier subalterne, chef de centurie | lieutenant |
biarchus | sous-officier supérieur, chef de peloton | adjudant |
decanus | sous-officier subalterne, chef d'escouade | maréchal des logis (sergent) |
circitor | gradé de troupe, chef d'équipe | brigadier (caporal) |
eques | simple soldat | cavalier |
CONTEXTE. Dans le cadre d'un système défensif en profondeur, on distingue alors les soldats affectés à la défense du limes, qu’on appelle limitanei, « ceux qui gardent les frontières », les soldats de l'arrière et les soldats palatins qui, en principe, accompagnent l'empereur, lesquels servent, non à voler au secours d'un point menacé du limes (car la progression d’une armée, composée surtout de fantassins, avec armes et bagages, s’avère relativement lente), mais, d'une part, à lutter contre un éventuel usurpateur ; d'autre part, à envoyer ou prépositionner des renforts sur un front particulier. Le titre honorifique de comitatenses (de comitatus, « suite d'un dignitaire ») est décerné à toutes les troupes romaines méritantes. Quant au qualificatif de pseudocomitatenses (« faux comitatenses »), il désigne les unités organisées à la romaine, mais non encore dignes d'être honorées. En outre, contrairement à ce que d'aucuns prétendent, les limitanei ne peuvent être des soldats-paysans, car les travaux agricoles et les opérations militaires se déroulent au même moment, et des cultivateurs, disséminés sur leurs terres, sont dans l'impossibilité de former rapidement des groupes organisés de combattants efficaces (cf. l'historien Yann Le Bohec, spécialiste de l'armée romaine, voir sources en bas de page).
La formation de base traditionnelle demeure la légion, mais si certaines, en voie de disparition, comptent toujours environ cinq mille légionnaires, la plupart sont réduites jusqu'à un millier d’hommes (en général, peut-être environ douze cents), ce qui permet de multiplier les unités, d’autant plus que les effectifs globaux augmentent. Les légions, constituées d’infanterie « lourde » (casque « intégral », cuirasse, grand bouclier, etc.), sont éventuellement complétées par des cohortes auxiliaires (fantassins légers, archers, frondeurs, etc.) et par des détachements de cavalerie (de ligne et légère avec des archers à cheval), ces derniers plus étoffés qu’auparavant, car la cavalerie prend de plus en plus d’importance, même si l'infanterie reste la « reine des batailles ». Nouveauté : il existe quelques légions spécialisées de ballistarii, « artilleurs », dotées de machines de guerre de campagne et de siège. De surcroît, il y a de plus en plus de numeri, « contingents », c’est-à-dire d’unités, en l'occurrence de cavalerie, formées de barbares intégrés, mais commandés par leurs propres chefs, équipés selon leurs propres coutumes et organisés selon leurs propres règles.
Source : Adrian Goldsworthy, The Complete Roman Army.
TENUE : brodequins (calcei) qui remplacent les sandales (caligae), braies (bracae) empruntées aux barbares, nouvelle tunique (tunica) décorée à manches longues ; PROTECTION : casque métallique (galea) plus simple qu'auparavant (en deux parties accolées pour les soldats, avec un revêtement en argent et une protection nasale pour l'officier au riche manteau), cotte de mailles (lorica hamata) pour un soldat, bouclier (scutum) rond avec bosse centrale (umbo) pouvant porter des flèches (sagittae) lestées de balles de plomb (plumbatae), dites mattiobarbuli ; ARMEMENT : épée longue (spatha) qui remplace le glaive (gladius), disparition de la dague (pugio), javelot lourd (pilum) sur l'illustration ou léger (telum), ou lance (hasta).
Dans les Gaules au sens large, à la fin du IVe siècle, la Notitia Dignitatum recense :
Commandant en chef | vexillationes palatinae |
vexillationes comitatenses |
legiones palatinae |
auxiliares cohortes palatinae |
legiones comitatenses |
legiones pseudocomitatenses |
numeri |
Magister equitum praesentalis (à la cour impériale) |
10 | 32 | |||||
Magister peditum praesentalis (à la cour impériale) |
12 | 65 | 32 | 18 | |||
Magister equitum Galliarum (en Gaule) |
47 |
Cela dit, même si l’on connaît l’emplacement de certaines unités (par ex., la legio prima Flavia Gallicana se trouve longtemps en Armorique pour combattre les pirates), il est difficile de savoir où la plupart sont cantonnées.
Liste (ordonnée par mes soins) des unités de CAVALERIE des Gaules dans la Notitia Dignitatum :
Dix vexillationes palatinae :
Trente-deux vexillationes comitatenses :
Quarante-sept numeri :
N.B. Parmi les numeri, la Notitia Dignitatum mentionne, par erreur, la prima Flavia Gallicana et une prima Flavia, mais celle-là fait partie des legiones pseudocomitatenses et celle-ci est, sans doute, la cohorte prima Flavia Sapaudia au sein de la provincia Riparensi in Gallia. Quant aux unités portant uniquement des noms de peuples ou d'hommes illustres, on ignore à quelle catégorie elles appartiennent.