Origine des noms <I>Thiou</I> et <I>Fier</I>

Origine des noms Thiou et Fier

Page modifiée et augmentée le 2 mars 2025.





THIOU

Le Thiou est le nom d'un cours d'eau, émissaire du lac, issu, selon moi, du latin populaire tiola, dérivé du latin classique tegula, « tuile », puisque, à l'orée de la forêt de Chevesne, le lieu-dit Thiolière (pâquier médiéval), en bordure du Thiou, indique l'endroit où l'on extrayait l'argile et où l'on fabriquait les tuiles. En effet, on a découvert, en ce lieu, l'emplacement de fours gallo-romains, qui bénéficiaient de la proximité à la fois des bancs d'argile du Thiou et, très gourmands en bois de chauffe, des arbres de la vaste forêt de Chevesne. A l'appui d'une origine latine, l'historien et archiviste Auguste Longnon (voir sources en bas de page) observe (op. cit., page 50, § 108) que « les noms de cours d’eau d’origine celtique [sont], de l’avis des celtistes les plus autorisés, très rares en Gaule […] », puis (op. cit., page 267, § 1154) que « les noms primitifs des rivières n’étaient pas immuables ». A des vocables préceltiques ou celtiques ont souvent succédé des noms latins ou romans, d'autant plus que le Thiou a longtemps été très utilisé par les bateliers et les artisans, notamment les tuiliers, gallo-romains. EN TOUT CAS, LES COURS D'EAU NE PORTENT JAMAIS UN NOM OU UN PRéNOM D'HOMME. Quant au h après le t de Thiou, il s'agit sûrement d'une lettre faussement étymologique que les scribes médiévaux, soucieux d'étaler leur érudition gréco-latine, ajoutaient, comme dans nombre de mots tirés du grec ancien, tel rhythme (écrit ainsi jusqu'au XIXe siècle). Ces « savants » pouvaient également, par ex., écrire Anthoine, voire Anthoyne, au lieu d'Antoine ! (Cf. l'Académie chablaisienne, Mémoires et documents, tome XXXII, 1920, page 57, § 9.) Autre exemple, fourni par l'historien et philologue Henry d’Arbois de Jubainville (voir sources en bas de page, op. cit., pages 330 et 331), celui du gentilice Taurius, très répandu parmi les propriétaires agricoles en Gaule romaine, qui a donné à de nombreuses localités leur nom, auquel on a ajouté un h, dont Thoiry en Savoie. Ainsi, le terme latin populaire tiola, passé dans le dialecte genevois de la région d'Annecy, se retrouve avec un h à l'écrit, par ex., dans les Thiollaz, lieu-dit près de Nangy, comme, bien évidemment, dans le nom du pâquier médiéval Thiolière au bord du Thiou.


FIER

Le Fier est le nom d'un torrent, appelé autrefois le Cier (prononcer « sié » un mot parfois écrit Cyers, comme en 1278, par des « érudits » accoutumés à ajouter des lettres, en fait faussement étymologiques), issu, d'après moi, du latin ciere, « se mettre en mouvement », d'autant plus que l'archiviste Hippolyte Cocheris (voir sources en bas de page, op. cit., page 9) remarque que l'idée de mouvement est toujours attachée au mot rivière. A l'entrée ciere, le Dictionnaire étymologique de la langue latine d’Ernout et Meillet précise page 119 : « Se dit généralement de tout ce qui entre en mouvement et en action, par rapport à ce qui est immobile et au repos. » En outre, le participe passé de ce verbe, citus, « vif, rapide », a donné excitus, « excité, agité », qualificatifs qui conviennent bien au Fier. Certes, l’origine latine n’est pas certaine, mais d’après l'historien et archiviste Auguste Longnon (voir sources en bas de page, op. cit., page 50, § 108), « les noms de cours d’eau d’origine celtique [sont], de l’avis des celtistes les plus autorisés, très rares en Gaule […] ». Il ajoute (op. cit., page 267, § 1154) que « les noms primitifs des rivières n’étaient pas immuables ». Ainsi, à des vocables préceltiques ou celtiques ont souvent succédé des noms latins ou romans. L'appellation le Fier et la prononciation « fière » se sont imposées avec l'essor du tourisme au 19e s. Le Fier prend sa source au mont Charvin dans la chaîne des Aravis, passe près d'Annecy où il a le Thiou (voir ci-dessus) pour affluent, et se jette dans le Rhône vers Seyssel.



Sources principales


  • ARBOIS de JUBAINVILLE, Henry d', Recherches sur l’origine de la propriété foncière et des noms de lieux habités en France (périodes celtique et romaine), Paris, éditeur Ernest Thorin, 1890.

  • COCHERIS, Hippolyte, Origine et formation des noms de lieu, Paris, éditeur Charles Delagrave, 1885.

  • LONGNON, Auguste, Les noms de lieu de la France, Paris, éditeurs Paul Marichal et Léon Mirot, 1923.

  • SUTER, Henry, Noms de lieux de Suisse romande, Savoie et environs.


    Histoire de la ville d'Annecy


    Annecy au temps des Romains





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