Annecy, histoire

Annecy, histoire

Page modifiée et augmentée le 25 février 2024 (QUIZ à la fin !).


La ville d'Annecy naît au XIe siècle sur les bords du Thiou au pied d'une tour de défense dans la comté de Genève. Elle succède à une petite ville gallo-romaine établie dans la plaine des Fins au Ier siècle av. J.-C. et détruite par les barbares au Ve siècle apr. J.-C.


POURQUOI LA VILLE S'APPELLE-T-ELLE ANNECY ? Voir l'étymologie détaillée.

POURQUOI LA PROVINCE S'APPELLE-T-ELLE SAVOIE ? Voir l'explication argumentée.


Source : 1598, Claude Chastillon, Domaine public, via Wikimedia Commons.

De droite à gauche : (A) château du duc de Genevois-Nemours, (C) première église paroissiale Saint-Maurice, (L) faubourg et (M) couvent du Saint-Sépulcre, (G) couvent des clarisses, (E) couvent et église des dominicains (actuelle église Saint-Maurice), (F) couvent et église des franciscains ou cordeliers (actuelle cathédrale Saint-Pierre), (H) collégiale Notre-Dame-de-Liesse, (K) faubourg dit, jusqu'au XVe siècle, de Bou(tz), terme dialectal rappelant l'ancienne petite ville gallo-romaine de Boutae (au fil de l'évolution du latin parlé, on a prononcé « Boutaï », puis « Bouté », enfin « Bout »*1) ; faubourg dit, ensuite, faussement de « Boeuf » par confusion avec le savoyard bou, « boeuf », même s'il est possible que le toponyme de Boutae soit issu du nom d'un personnage gaulois, Boutus, dont la racine celtique, plus largement indo-européenne, bou*2 fait peut-être référence à l'activité de BOUvier d'un ancêtre.

*1 D'après Antoine Meillet (Esquisse d'une histoire de la langue latine), en latin, l'accent ne portant jamais sur la dernière syllabe d'un mot en comportant plusieurs, les voyelles finales ont eu tendance à s'amuïr, c'est-à-dire à devenir muettes. Ainsi, la diphtongue ae [aï] du latin ancien s'est tardivement simplifiée en é [e] avant de ne plus être prononcée.

*2 Selon Pierre Malvezin (Dictionnaire des racines celtiques), si l’on trouve bou, « bœuf », notamment en vieil irlandais et en ancien breton, « le latin a pu entrer en participation avec le celtique pour la formation de ce mot ». En effet, Alfred Ernout et Antoine Meillet (Dictionnaire étymologique de la langue latine) rappellent que les dérivés du latin bos/bovis, « boeuf », sont en bou, et précisent que ce terme, présent dans les anciens dialectes du Latium, est plus largement indo-européen (langues celtiques, italiques, helléniques, etc.). Suivant Michel Bréal et Anatole Bailly (Dictionnaire étymologique latin), il viendrait du sanscrit via l'ancien grec.


Deux anecdotes de mise en bouche !


1. La ville d'Annecy faussement nommée « cité du boeuf » !

A la Renaissance, des « érudits », estimant établir l'étymologie latine de l'appellation dialectale « Bou(tz) » (désignant, en fait, l'ancienne bourgade gallo-romaine de Boutae), ont cru bon de nommer Annecy civitas bovis, « cité du boeuf », et de placer deux taureaux (plus nobles que le boeuf) sur les armoiries de la ville ! Voir le blason ci-joint, aujourd'hui disparu.


2. Le francoprovençal longtemps première langue parlée dans la région d'Annecy.

Si, à partir du XVIe siècle, le français s'est diffusé dans les élites urbaines de Savoie, la langue populaire parlée dans la région d'Annecy demeurait un dialecte, non du français, mais du francoprovençal : le nom de la ville se prononçait în-ssi (in comme dans inalpe) à Annecy et en Albanais, ên-ssi (en comme dans enamourer) dans les Bauges, ân-ssi en Faucigny, nessi à Chambéry, etc. En dialecte genevois, une expression paysanne savoureuse, moqueuse et, sans doute, involontairement poétique, pour qualifier d'ânes les habitants d'un village près d'Annecy, que je ne nommerai pas : les beveux de l’na (« buveurs de lune »), car elle fait référence à la mésaventure d'un âne qui, un soir, ayant fini de boire dans un baquet où se reflétait la lune, crut l'avoir avalée !!! (Source :  Sobriquets patois et dictons des communes et hameaux de l'ancien Genevois et des localités limitrophes, François Miquet, Annecy, 1890.)



Source : Wikimedia Commons.

Dialectes régionaux de la langue francoprovençale, ou rhodanien, ou arpitan.


Table des matières :

Histoire d'Annecy : grandes dates

Histoire d'Annecy : description et plan fin XVe siècle

Histoire d'Annecy : description et plan début XVIIIe siècle

Annecy, ville de garnison sous la IIIe République

Quel est le genre d’Annecy ?

Etymologie du nom de quelques quartiers d'Annecy, anciens lieux-dits

ANNECY, PETITE VENISE, MAIS AUSSI PETITE ROME EN SAVOIE :

Le saint et la sainte d'Annecy

Les tribulations des reliques

Annecy, « citadelle de la Contre-Réforme »

Sur d'autres pages du site :

Annecy dans la comté de Genève (du Xe au XVe siècle)

Histoire de l'Eglise catholique à Annecy

Histoire de l'abbaye de Sainte-Catherine

Histoire du prieuré de Talloires jusqu'au XVe siècle

Dix écrivains liés à Annecy

Origine du nom Annecy

Origine des noms Thiou et Fier

Annecy, étymologies locales en bref

Quelques lieux mystérieux dans le Semnoz au-dessus d'Annecy

Annecy au temps des Romains

La mystérieuse inscription sur la voie romaine de Dingy-Saint-Clair

Origine du nom Savoie et situation originelle du pays des sapins

Le francoprovençal par la linguiste Henriette Walter

Le francoprovençal, première langue parlée à Lyon vers 1550








Histoire d'Annecy : grandes dates avec descriptions et plans fin XVe siècle et début XVIIIe siècle



Dieu vous appelle, me dit monsieur de Pontverre, allez à Annecy [...]. J'arrive enfin ; je vois madame de Warens. Cette époque de ma vie a décidé de mon caractère [...].

Jean-Jacques Rousseau, Les Confessions, partie I, livre deuxième, souvenirs de 1728.


Vers 3000 av. J.-C. : Premier village néolithique au bord du lac d'Annecy.

IIe siècle av. J.-C. : Hypothétique bourgade gauloise : voir la romanisation précoce des Allobroges.

Ier siècle av. J.-C. : Essor du vicus gallo-romain de Boutae dans la plaine des Fins (petite ville d'environ deux mille habitants sur vingt-six hectares urbanisés au sein d'un territoire propre de quelque cent quarante hectares). Boutae est le chef-lieu du pagus Apollinis (« district d'Apollon ») qui comprend plusieurs domaines fonciers dont le plus vaste s'étend sur environ cent quatre-vingts hectares, couvrant la colline d'Annecy-le-Vieux et une partie de la plaine : voir Annecy au temps des Romains.

69 apr. J.-C. : Passage par Boutae d'une partie de la 14e légion Gemina Martia Victrix, qui traverse les Alpes pour aller en Bretagne (Angleterre actuelle) avec le centurion Marcus Aurelius Lucillus : voir le centurion romain aux Ier et IIe siècles.

Milieu IIIe siècle : Pillage, incendie de Boutae et massacre de ses habitants par les Alamans.

IVe siècle : Nouvelle dévastation par les barbares de la bourgade à peine restaurée.

Ve siècle : Destruction définitive de Boutae par les barbares.

VIIe siècle : Abandon de la plaine des Fins, mais maintien de la villa Aniciaca (« propriété agricole d'Anicius », qui a donné le nom d'Annecy : voir l'étymologie détaillée) sur la colline d'Annecy-le-Vieux, appartenant sans doute à la puissante famille romaine des Anicii, laquelle existe toujours après la chute de l'empire d'Occident. Le patronyme Anicius, qui vient d’un terme grec signifiant « toujours victorieux », est fréquent dans les inscriptions en Gaule romaine, soit tel quel, soit dans les dénominations villa Aniciaca ou fundus Aniciacus (« domaine foncier d'Anicius »).

IXe siècle : Domaine royal (fiscus) d'Anesciacum selon l'acte de donation du roi Lothaire II à son épouse Theutberge en 867 : voir l'extrait concernant Annecy et alentours (corrigé en latin classique et traduit en français moderne par mes soins).

XIe siècle : Tour de défense, vraisemblablement d'abord en bois, édifiée sur le dernier contrefort du Semnoz*, au pied duquel se développe lentement la bourgade d'Annecy-le-Neuf, laquelle s'étend sur les bords propices du Thiou.
* Le nom de cette longue et haute montagne a donné lieu à nombre d'étymologies fantaisistes. Il pourrait simplement être une forme francoprovençale (avec la finale caractéristique en -oz) du latin summum, « sommet, point le plus élevé », qui a engendré som en ancien français du XIIe siècle.

Fin XIe siècle : Eglise Saint-Maurice d'Annecy-le-Neuf, sous le premier château (église paroissiale, reconstruite après le grand incendie de 1448 et détruite en 1793 sous la Révolution).

XIIe siècle : Expansion de la bourgade d'Annecy sous le comte Amédée Ier de Genève.

1132 : Construction d'une maison forte sur l'île au milieu du Thiou





1145 : Distinction explicite par le pape Eugène III des églises paroissiales d'Annecy-le-Vieux (Saint-Laurent) et d'Annecy-le-Neuf (Saint-Maurice) : ecclesias Annessiaci veteris et novi (« églises d'Annecy-le-Vieux et le-Neuf »).

1170 : Confirmation, dans un fragment du cartulaire du prieuré de Talloires, de la tenue, tous les mardis, d'un important marché (datant peut-être de la fin du XIe siècle et qui existe toujours neuf siècles plus tard !).

1179 : Fondation de l'abbaye cistercienne de Sainte-Catherine-du-Mont au Semnoz, laquelle devient, dès 1195 (avec l'inhumation de Guillaume Ier) et jusqu'en 1367, la nécropole des comtes de Genève et où les familles nobles et bourgeoises d'Annecy placent certaines de leurs filles. En effet, c'est au XIIe siècle qu'apparaissent les premières moniales cisterciennes, au moment où l’ordre, branche réformée des bénédictins, fondé en 1098 à Cîteaux par saint Robert de Molesme suivant la règle de saint Benoît, connaît un essor considérable grâce à saint Bernard de Clairvaux.

Fin XIIe siècle : Installation des comtes de Genève, d'abord au manoir de Novel, sis sur une terre nouvellement défrichée, d'où son nom, puis, à partir de 1219, avec leur gouvernement, dans leur nouveau château au pied du Semnoz. Quant au manoir de Novel, il passe entre les mains de plusieurs familles nobles, dont celle de François de Sales au début du XVIe siècle, avant d'être offert, en 1619, aux visitandines, qui en font le centre d'une exploitation agricole.

XIIIe siècle : Agrandissement du château : notamment, après la grosse tour, édifiée au XIIe siècle, dite magna turris jusqu'au XIVe siècle, puis de la Reine, construction de la tour dite du Pommier, puis Saint-Pierre, et de la tour dite du Miroir, puis Saint-Paul, ainsi que d'un haut donjon cylindrique détruit dans l'incendie de 1403.





1293 : Construction du premier pont en pierre : le pont Morens.

Début XIVe siècle : Installation des chanoines hospitaliers de Saint-Antoine ou Antonins, une communauté canoniale régulière du Dauphiné, suivant la règle de saint Augustin à partir du XIIIe siècle. A Annecy, ils fondent un hospice pour accueillir les malades atteints du « mal des ardents » (dû à l'ergot du seigle), puis les pèlerins, les nécessiteux, les enfants trouvés ou orphelins, et, au XVe siècle, les pestiférés. Au tout début du XIVe siècle, des hospitaliers de l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem (1113), appartenant à la commanderie genevoise de Compesières, établissent un hospice et une église devant laquelle, en 1453, au carrefour des charrières (« grandes » rues) de Bou(tz) (pour Boutae) et du Pâquier, ils creusent un puits public, dit puits Saint-Jean, refait à neuf en 1689 avec une toiture conique soutenue par des colonnes, puis fermé en 1789 à cause d'infiltrations, abandonné en 1805 et comblé en 1823. Ce n'est qu'en 1976 que sa margelle, conservée, est replacée à proximité de l'emplacement originel dans la nouvelle croix piétonne.

1326 : Etablissement d'une école « publique » dans le faubourg Perrière, puis dans celui du Saint-Sépulcre.

1348 : Installation des chanoines du Saint-Sépulcre, une communauté canoniale créée par Godefroy de Bouillon après la prise de Jérusalem en 1099 en vue de protéger le Saint Sépulcre et d’assurer la vie liturgique du sanctuaire. D'abord séculière, elle devient régulière en suivant la règle de saint Augustin à partir de 1114. Contraint de quitter la Terre sainte à la fin du XIIIe siècle, cet ordre religieux se replie en Europe, où, en 1489, le pape Innocent VIII l’incorpore à celui des hospitaliers. A Annecy, en 1348, grâce au comte Amédée III de Genève, André d’Antioche, trésorier de l’ordre en Lombardie, établit un prieuré de douze chanoines, avec une église et un hospice pour accueillir pèlerins et pauvres.

1356 : Etablissement d'un atelier monétaire dans la maison forte de l'Isle, où se trouvent déjà le tribunal et la prison.

1360 : Eglise Notre-Dame-de-Liesse.

1367 : Confirmation des franchises du bourg d'Annecy par Amédée IV de Genève. L'article 27 précise les limites de la ville : Grosses Pierres d'Albigny, Pierre Ronde vers Brogny, Pierre Pelue vers Gevrier, fontaine de Pereisouze, après Vovray, croix du Devens, après la Puya.





1394 : Erection, par Robert de Genève (le pape Clément VII) de l'église Notre-Dame-de-Liesse, nécropole des comtes de Genève depuis 1367, en une collégiale qui, devenant le centre d'un pèlerinage très populaire, confère à Annecy un grand prestige.

1401 : Acquisition du Genevois par la maison de Savoie : voir l'histoire de la Savoie.

1412 : Grand incendie qui détruit la majeure partie de la ville.

1422 : Installation des dominicains. La communauté des frères prêcheurs, fondée en 1215 par saint Dominique, est un ordre mendiant qui ne s’installe dans une localité que si la population l’accepte. Les dominicains suivent la règle de saint Augustin, mais ne sont pas des moines (à l'écart du monde), car ils ont pour mission la prédication. A Annecy, en 1422, à l’initiative du cardinal de Brogny, natif du pays, Jean Grumelli vient d’Avignon poser la première pierre d’un couvent et d’une chapelle (future église Saint-Maurice) consacrée en 1445.

1434 - 1444 : Annecy, capitale de l'apanage de Philippe de Savoie.

1445 : Début de la construction, au château, de la tour Perrière et du logis de la Chambre des comptes.

1448 : Grand incendie dans la cité.

1460 - 1491 : De nouveau capitale d'apanage, Annecy bénéficie de la sage administration de Janus de Savoie et des fastes de sa cour.

Fin XVe siècle : Sur un espace urbain d’une douzaine d'hectares, Annecy (près de deux mille habitants) affirme son importance administrative, commerciale et artisanale, surtout, grâce aux « artifices » hydrauliques sur le Thiou, dans le travail du chanvre, du cuir et la métallurgie (avec une spécialisation dans la fabrication des couteaux, des armes blanches et des armures, commercialisés dans tout le duché de Savoie et même dans les Etats voisins). Dès le XIIIe siècle, la ville, qui s'étend au pied du château et de part et d'autre du Thiou, émissaire naturel canalisé du lac, est entourée d'une enceinte fortifiée, faite d'une ceinture de courtines et de tours, utilisant souvent les murs aveugles des maisons (les murenches), appuyée sur le château et sur le canal du Vassé qui sert de fossé sur tout le pourtour au nord du Thiou, percée de poternes et de quatre portes principales : Perrière au sud-est, du Saint-Sépulcre à l'ouest, de Bou(tz) (désignant l'ancien vicus gallo-romain de Boutae et non un « bœuf ») au nord et du Pâquier (porta pascuorum ou « des pâturages ») au nord-est, ainsi que de quatre arcs fortifiés avec herses et chaînes de fer sur les canaux.
La ville est parcourue par des artères appelées charrières ou ruales, souvent bordées par des arcades, dont la disposition est d'une grande simplicité : deux axes est-ouest parallèles au Thiou et un axe nord-sud perpendiculaire. La première voie, la plus importante, appelée magna carreria ou « grande charrière », relie la porte Perrière à la porte du Saint-Sépulcre en longeant le rocher. La deuxième voie, parallèle, sur la rive droite du Thiou, est dénommée charrière de la Halle (rue Grenette), prolongée par la ruale du Four (rue J.-J. Rousseau). La troisième voie, perpendiculaire, part du pont Rollier (nommé ensuite Boringe, plus tard de la Halle, finalement Perrière) et, par les charrières Filaterie et Notre-Dame, rejoint les portes de Bou(tz) et du Pâquier (voir, sur le plan ci-dessous, l'itinéraire en pointillé). Le quadrillage interne se trouve complété par des quais, des places, des ruelles transversales, des allées et des passages couverts. Un canal intérieur, dit d'abord Saint-Dominique, puis Notre-Dame, issu du Thiou près de l'actuelle église Saint-François, traverse la cité et va se jeter dans le Vassé après la collégiale Notre-Dame-de-Liesse.





1514 : Annecy, capitale de l'apanage de Genevois, Faucigny et Beaufort.

1528 : Le prince apanagé, Philippe de Savoie, reçoit le duché de Nemours du roi de France François Ier.

1533 - 1565 : Construction du logis Nemours au château.

1534 : Installation des franciscains ou cordeliers. La communauté des frères mineurs, fondée vers 1210 par saint François d’Assise, est un ordre mendiant qui ne s’installe dans une localité que si la population l’accepte. Les franciscains ou cordeliers suivent la règle de saint François, mais ne sont pas des moines (à l'écart du monde), car ils se donnent pour mission l’évangélisation par l’exemple. Ils s’implantent à Annecy en 1534 et leur chapelle (future cathédrale Saint-Pierre) est consacrée en 1539. Cependant, la cohabitation entre les franciscains et les chanoines expulsés de Genève par la réforme protestante est difficile et le pape finit par dissoudre la communauté franciscaine d’Annecy en 1771.

1536 : Arrivée de la majorité du chapitre cathédral de Saint-Pierre de Genève et des clarisses, qui refusent la réforme protestante. L’ordre des clarisses, pauvres dames ou cordelières, est une communauté franciscaine fondée en 1212 par sainte Claire d’Assise.

1536 - 1559 : Occupation de la Savoie par les Français.

1539 : Application de l'ordonnance de Villers-Cotterêts qui confie aux curés le soin de tenir les registres d'état-civil et supprime l'usage du latin dans les actes juridiques.

1549 : Fondation du collège par Eustache Chappuis.

1562 - 1571 : Construction, au château, d'un logis neuf à la suite du vieux logis.

1564 : Erection, par Emmanuel-Philibert, du comté de Genevois en duché.

1568 : Installation de l'évêque de Genève, monseigneur Ange Giustiniani.

1576 : Première « fête du lac » en l'honneur de la visite du duc de Savoie (radeaux avec échafaudages en bois, couverts de toiles peintes).

1578 : Début de la Contre-Réforme ou réforme catholique savoisienne avec monseigneur Claude de Granier.

1592 : Installation des capucins aux Marquisats. L'ordre des frères mineurs capucins (du capuchon couvrant leur tête) est une communauté franciscaine fondée en 1525.

XVIIe siècle : Environ cinq mille habitants. Développement de manufactures et de fabriques textiles et métallurgiques (armes à feu).

1602 - 1622 : Episcopat de François de Sales.

1606 : Création, à la mode italienne, de l'Académie florimontane par François de Sales et le président du Conseil de Genevois, Antoine Favre, vingt-huit ans avant la fondation de l'Académie française.

1610 : Fondation de l'ordre de la Visitation de Sainte Marie par François de Sales (canonisé en 1665) et Jeanne de Chantal (canonisée en 1767) : d’abord une simple congrégation, vouée à la contemplation et à la charité envers les pauvres et les malades, ouverte, sur la proposition de Jeanne de Chantal, aux veuves, aux filles de santé fragile ou handicapées, aux femmes âgées ; ensuite, dès 1618, pour être reconnue par le pape, elle devient un ordre monastique (cloîtré) suivant la règle de saint Augustin.

1614 : Construction du premier monastère de la Visitation (sur l'emplacement de l'actuelle église Saint-François) et installation des barnabites ou clercs réguliers de Saint-Paul, dont l'ordre est fondé en 1530 dans l’église Saint-Barnabé à Milan en vue de prêcher et d’instruire la jeunesse (à Annecy, ils prennent en charge le collège chappuisien qui connaît des difficultés).

1623 (janvier) : Transport à Annecy du corps de François de Sales, décédé à Lyon fin décembre 1622.

1630 : Invasion française et capitulation d'Annecy.

1634 : Fondation d'un deuxième monastère de la Visitation extra-muros (« hors des murs », monasterium extramuranum en bon latin !), en face du premier, de l'autre côté du Thiou.

1638 : Installation des annonciades au faubourg Perrière. La communauté de l’Annonciation de la Vierge Marie est un ordre monastique fondé en 1501 par sainte Jeanne de France, qui se rattache à la famille franciscaine en 1514.

1639 : Installation au Pâquier des bernardines réformées, communauté cistercienne fondée en 1622 à Rumilly par Louise de Ballon, native du pays, qui se sépare de l’abbaye de Sainte-Catherine-du-Mont au Semnoz, mais en conserve l’inspiration avec une plus stricte observance de la règle selon saint Bernard de Clairvaux.

1640 : Simulacre de combat naval sur le lac avec feu d'artifice lors du séjour de Christine de France.

1641 : Installation des lazaristes au nouveau grand séminaire. La communauté des lazaristes ou congrégation de la mission est une société de vie apostolique, c’est-à-dire dont les membres ne prononcent pas de vœux, fondée en 1625 par saint Vincent de Paul en vue de secourir et d’évangéliser les pauvres, puis de former le clergé. Dès leur arrivée à Annecy, ils créent une confrérie de la charité des pauvres (à ne pas confondre avec les Filles de la charité, dites « soeurs grises », congrégation instituée en 1633 par saint Vincent de Paul afin de prendre soin des malades, des aliénés, des forçats et des enfants trouvés, ainsi que de l'instruction des jeunes paysannes).

1648 : Installation des cisterciennes de Bonlieu au faubourg dit faussement de « Boeuf » au lieu de Bou(tz) (pour Boutae) après l’incendie de leur monastère. Placement des dépouilles de François de Sales et de Jeanne de Chantal dans la nouvelle chapelle de la Visitation (future église Saint-François) en voie d'achèvement.

1659 : Retour de l'apanage de Genevois-Nemours à la couronne de Savoie.

1684 : Construction d'un grand séminaire.

1691 - 1696 : Occupation française durant la guerre de la Ligue d'Augsbourg.

XVIIIe siècle : Déclin politique, récession économique et reflux religieux.

1703 - 1713 : Occupation française durant la guerre de succession d'Espagne.

1711 : Inondation catastrophique.

1713 : Fondation d'une école de filles rue Notre-Dame.

1725 : Etablissement, à côté de l’hôpital Notre-Dame, d'un hôpital général pour assurer le gîte et le couvert aux mendiants moyennant un travail utile ; cette nouvelle institution, prescrite par Victor-Amédée II dans les grandes villes, réunit, à Annecy, l'hôpital de la Providence et l'Oeuvre de la charité.

Annecy au temps de Jean-Jacques Rousseau. En 1728, au moment de l’arrivée du futur penseur et écrivain des Lumières, Victor-Amédée II, duc de Savoie, prince de Piémont et roi de Sardaigne, dans le cadre du « despotisme éclairé », ordonne à Corvesy, l’intendant provincial du Genevois, siégeant à Annecy, de contrôler la municipalité afin d’assurer une administration plus efficace et moins dépensière en mettant un terme au népotisme ambiant. En 1729, le corps de ville est réduit à deux syndics (au lieu de quatre) et quinze conseillers : cinq nobles et dix bourgeois hommes de loi. Dans le budget municipal, huit cents livres annuelles sont versées à la Bourse des nouveaux convertis (protestants au catholicisme), dont bénéficie J.-J. Rousseau auprès de madame de Warens. La ville est dominée par quelques grandes familles bourgeoises qui accaparent les terres alentour. Un marché se tient tous les mardis et vendredis sur la place Notre-Dame pour les viandes, les fromages, les fruits et légumes ; sur la place de la Halle pour le vin, le charbon et le bois ; sur le Pâquier pour les bestiaux sur pied (la boucherie étant sise sur le Thiou et les poissons vendus sur le pont Morens) ; à la grenette couverte pour les céréales (les moulins publics étant également sur le Thiou). A l’extrémité de la future rue J.-J. Rousseau, se trouve l’un des fours à grains, d’où le nom de cette ruale, dite du Four. Les progrès du siècle des Lumières ne s’étant pas encore fait vraiment sentir, les rues et allées, plus ou moins pavées, éclairées la nuit aux carrefours par des lanternes, sont encombrées d’ordures et de tas de fumier, qui ajoutent à la puanteur des excréments humains et animaux (chevaux, porcs, volailles, etc.), lesquels sont soigneusement collectés en vue de fertiliser les nombreux jardins et vignes domestiques ! Si les eaux usées des maisons se déversent dans un « grand conduit » au milieu des rues principales, puis dans le Thiou, les canalisations se fissurent souvent et la plupart des latrines sont communes. Cependant, il y a de nombreux puits et fontaines qui donnent de l'eau potable…





1729 : Le collège chappuisien devient collège royal avec un nouveau programme d’études et des enseignants séculiers.

1748 - 1752 : Occupation espagnole.

1761 : Renouvellement du pavage des rues et réfection des égouts.

1770 : Construction du premier hôtel de ville sur l'emplacement de l'hôpital Notre-Dame.

1772 : Erection officielle de l'église Saint-Pierre en cathédrale.

1781 : Installation de six réverbères aux principaux carrefours.

1784 - 1792 : Edification du palais épiscopal à l'emplacement de l'ancien couvent des cordeliers et de plusieurs maisons, dont celle de madame de Warens.

1792 : Entrée des troupes révolutionnaires françaises.

1793 : Election d'une municipalité républicaine. Evêché constitutionnel.

1794 : Extrémisme révolutionnaire : emprisonnement de tous les nobles et réfractaires, déchristianisation : interdiction du culte, fermeture et saccage des églises, destruction des clochers, des croix, des statues, des ornements, des meubles, objets et vêtements religieux, des reliques, fonte des cloches, transformation des couvents en casernes, fabriques ou entrepôts, déportation des prêtres qui refusent de renoncer à leur état...

1795 : Croissance de l'industrie textile grâce à des capitaux genevois.

1803 : Sous le Consulat, l'ex-cathédrale Saint-Pierre, transformée en temple de la déesse Raison en 1794, devient une église paroissiale ainsi que l'ancienne chapelle des dominicains qui prend le nom de Saint-Maurice.

1803 : Création d'un corps de sapeurs-pompiers.

1804 : Sous le Premier Empire, établissement d'une grande manufacture de coton dans l'ancien couvent des clarisses.

1806 : Translation solennelle des reliques de saint François de Sales à l'église Saint-Pierre, et de sainte Jeanne de Chantal à l'église Saint-Maurice.

1811 : La manufacture de coton emploie un millier d'ouvriers.

1815 : Grande fête pour célébrer la réintégration de la ville au sein du royaume de Piémont-Sardaigne.

1819 : Transformation du collège chappuisien en petit séminaire, confirmée en 1832.

1821 : Ouverture de la route vers Faverges par la Puya.

1821 : Début de la construction d'un nouvel hôpital aux Marquisats (le grand séminaire, transformé en hôpital sous la Révolution, retrouve sa vocation).

1822 : Chef-lieu de la province du Genevois, Annecy recouvre son évêché : diocèse d'Annecy et non plus de Genève-Annecy, et l'église Saint-Pierre est de nouveau cathédrale.

1822 : Démolition de la porte du Pâquier et du mur d'enceinte ; création du quai Eustache-Chappuis (d'abord nommé quai des Charmilles) ; début de l'installation de réverbères à huile.

1823 : Aménagement de la place aux Bois et construction de quais de pierre sur le Thiou (quais de l'Evêché et de l'Isle).

1823 : Ouverture de la nouvelle route vers Aix-les-Bains, de l'avenue de Genève jusqu'au pont de Brogny ainsi que de la rue Royale.

1824 : Prolongement de la rue Royale par l'avenue de Chambéry.

1824 : Etablissement de l'ordre de la Visitation dans un nouveau monastère avec une nouvelle église rue Royale, le premier (actuelle église Saint-François) étant occupé par une fabrique textile depuis la Révolution française.

1825 : Démolition de la porte dite faussement de « Boeuf » au lieu de Bou(tz) (pour Boutae).

1826 : Grandioses cérémonies pour la translation solennelle des reliques de saint François de Sales et de sainte Jeanne de Chantal à la nouvelle église de la Visitation.

1826 : Construction, près du canal du Vassé, d'un théâtre en pierre, qui remplace la salle de spectacles en bois du Pâquier.

1830 : Fondation, à Annecy, de la première Société de secours mutuel des Etats sardes.

1831 : Instruction primaire dispensée aux garçons par les Frères des écoles chrétiennes.

1832 : Liaison de la rue Sainte-Claire à la rue Royale par la rue Neuve, nommée ensuite rue des Boucheries, avant de devenir l'actuelle rue de la République. Elargissement de la rue Filaterie.

1837 : Adoption du Plan général d'alignement et d'embellissement de la ville d'Annecy.

1838 : Comblement de la Grenouillère, aux exhalaisons méphitiques, entre le Vassé et le Thiou.

1839 : Premier bateau à vapeur sur le lac, Le Chérubin (en bois, puissance de dix chevaux, pouvant transporter cent personnes), suivi, jusqu'à l'Annexion, par La Comète (1843), Le Dauphin (1844), Le Lutin (1849), La Dame du lac (1856), La Céleste (1858).

1839 : Aménagement du chemin des Creuses vers Rumilly par Chavanod.

1841 : Etablissement, à Annecy, de la troisième Caisse d'épargne des Etats sardes.

1842 : Annecy, siège de l'une des deux intendances générales du duché de Savoie.

1846 - 1855 : Reconstruction de l'église Notre-Dame-de-Liesse : en particulier, le choeur, rasé sous la Révolution, est rebâti de l'autre côté de la nef afin de laisser une plus grande place devant la nouvelle façade néoclassique sarde.





1848 - 1855 : Construction d'un nouvel et vaste hôtel de ville sur le clos Lombard, ainsi nommé, car ayant appartenu aux anciens banquiers Asinari, bourgeois d'Annecy, vite annoblis pour services financiers rendus et faits seigneurs de Villard-Chabod à Sevrier, dès le XIVe siècle. Dits Lombards, comme tous les banquiers venus d'Italie, mais, en fait, originaires d’Asti, ville du Piémont, sise au sud-est de Turin, les Asinari, déjà enrichis par le commerce au XIIe siècle, établissent, entre autres, au siècle suivant, plusieurs banques dans la région des foires de Bourgogne. Par la suite, leurs activités s'étendent en Flandre, en Allemagne et en Suisse. En 1358, Aymonet Asinari s’associe à François de Médicis à Genève et ouvre un comptoir à Annecy afin de mener des affaires avec l'administration comtale genevoise repliée dans cette localité, puis avec l’administration comtale savoyarde à partir de 1401 (source principale : Dictionnaire historique de la Suisse).

1849 : Instruction primaire dispensée aux filles par les soeurs de Saint-Joseph.

1850 - 1860 : Environ dix mille habitants. Poursuite des grands travaux d'urbanisme (assainissement, élargissement et pavage de rues, construction de ponts en pierre, dont celui de la Halle en 1855, d'immeubles, de nouvelles fontaines, d'une usine aux Fins, en 1850, pour alimenter le nouveau réseau d'éclairage public au gaz ; aménagement de la rive du lac : création du Jardin public, du premier pont des Amours à trois arches en 1859, du champ de Mars, de l'avenue d'Albigny, de l'île des Cygnes, édifiée par des chômeurs) et essor économique : Annecy devient un des plus grands centres manufacturiers du royaume sarde.

1850 : Institution de la Banque de Savoie.

1853 : Restitution du collège chappuisien à la municipalité.

1856 : Installation, à Annecy-le-Vieux, de la fabrique de cloches Paccard.

1858 : La manufacture emploie deux mille personnes. La fabrique d'ustentiles de cuisine de Cran obtient la médaille d'or à l'exposition de Turin.

1860 : « Fête vénitienne » sur le lac en l’honneur de la visite de Napoléon III et de l’impératrice Eugénie à l’occasion du rattachement de la Savoie à la France.

1860 : Sous le Second Empire, Annecy est le chef-lieu du département de la Haute-Savoie.

1861 : Cadeau de l'Empereur : La Couronne de Savoie, un bateau à vapeur à roues à aubes (trente tonnes, quarante-quatre mètres de long, quatre de large, chaudière de neuf tonnes, puissance de vingt-cinq chevaux, peut-être doublée après rénovation) pouvant transporter quatre cents personnes (navigue jusqu'en 1913, puis, non entretenu, sombre après la guerre de 14).



Source : Musées d'Annecy.



1861 - 1870 : Reboisement du crêt du Maure. En 1870, environ cent cinquante hectares sont complètement boisés grâce à quelque neuf cents kilos de graines et un million trois cent mille plants âgés de deux ans, aux essences variées : pin sylvestre et noir, épicéa, mélèze, érable, chêne, hêtre et… pin corse à crochets, lesquels, plantés par bouquets, atteignent, près d'un demi-siècle plus tard, une hauteur moyenne de plus de quinze mètres.

1864 : Grand hôpital aux Marquisats. Privée du protectionnisme sarde, la manufacture de coton licencie ses deux mille employés.

1865 : Préfecture, gendarmerie et prison face au champ de Mars.

1866 : Banque de France, qui absorbe la Banque de Savoie. Arrivée du chemin de fer et gare terminus. Réouverture de la manufacture avec seulement cinq cents ouvriers.

1882 : Sous la IIIe République, construction d'un nouvel ensemble de bâtiments pour les haras, qui existent depuis le Premier Empire.

1883 : Prolongement de la ligne de chemin de fer vers La Roche-sur-Foron.

1885 : Couverture partielle du canal du Vassé pour permettre l'ouverture de la rue Vaugelas.

1888 : Lycée de garçons Berthollet et caserne des Fins (futur quartier de Galbert).

1895 : Création du Syndicat d'initiative qui organise une fête lacustre.

1897 : Lycée de jeunes filles (futur collège Raoul Blanchard).

1898 : Tramway à vapeur sur voie métrique d'Annecy à Thônes (supprimé en 1930).

1901 : Ligne de chemin de fer vers Albertville.

1905 : Concours annuel d’embarcations décorées avec illuminations nocturnes et feu d’artifice tiré sur le lac.

1906 : Captation de l'eau à la source du Boubioz (moins quatre-vingt-deux mètres, plus grande profondeur du lac) face à la Puya.

1907 : Nouveau pont des Amours à une seule arche.

1910 : Usine des eaux à la Puya.

1911 : Etablissement de l'ordre de la Visitation dans un nouveau monastère au-dessus du château, celui de la rue Royale ayant été démoli pour construire notamment l'hôtel des Postes.

1913 : Palace de l'Impérial.

1917 : Etablissement de l'usine de roulements à billes suisse S.R.O. (Schmid-Roost-Oerlikon).

1921 : Ouverture du casino municipal.

1922 - 1930 : Construction de la basilique de la Visitation.

1924 : Grand spectacle lacustre organisé par le syndicat d’initiative.

1925 : Première appellation officielle d’une « fête du lac » organisée par le comité des fêtes.

1928 : Pose d'un balustre doré, constitué de coeurs entrecroisés, à l'endroit précis où, deux cents ans plus tôt exactement, Jean-Jacques Rousseau a rencontré madame de Warens, et qu'il souhaitait dans ses Confessions : Que ne puis-je entourer d'un balustre d'or cette heureuse place !

1929 : Aménagement du quartier de la Gare.

1930 : Ecoles techniques de garçons et de filles (respectivement futurs lycées Germain Sommeiller et Gabriel Fauré).

1935 : Inauguration de la plage d'Albigny. Eglise Saint-Joseph-des-Fins.

1936 : Rue et quartier du Lac après la démolition de la caserne Decouz (30e régiment d'infanterie).

1937 : Eglise Saint-Etienne-du-Pont-Neuf.

1942 - 1943 : Occupation italienne.

1943 - 1944 : Occupation allemande.

1953 : Commencement de la restauration du château et des quartiers historiques.

1959 : Nouvelle caserne des sapeurs-pompiers.

1962 : Collecteur du tour du lac qui retrouve sa pureté.

1964 : Parc des sports.

1969 : Stade nautique des Marquisats.

1972 : Piscine-patinoire.

1973 : Début de la zone piétonne.

1981 : Centre Bonlieu.

1983 : Liaison Annecy - Paris par le T.G.V.



Annecy, ville de garnison sous la IIIe République :


1889 - 1914 : 11e bataillon alpin de chasseurs à pied (11e B.A.C.P.) à la nouvelle caserne des Fins, avenue de Genève.

1906 : Deux compagnies à l’ancien grand séminaire, avenue du Trésum*1.

1913 : Deux compagnies à la caserne de la Feuillette, côte Perrière.

1914 : Deux compagnies à la caserne Balleydier, avenue de Loverchy.

1922 - 1942 : 27e bataillon de chasseurs alpins (27e B.C.A.) au quartier de Galbert*2 (ex-caserne des Fins), avenue de Genève.

1871 - 1914, puis 1919 - 1921 : 3e bataillon du 30e régiment d’infanterie (30e R.I.) à la caserne Decouz (et non Decoux)*3, quai Eustache-Chappuis.

*1 Ce nom, étrange, n'a rien à voir avec un quelconque « trésor », mais vient du château voisin de Trésun ou Tréson, terme savoyard indiquant l'intersection de trois chemins.
*2 A la mémoire du chef de bataillon Maurice de Galbert, major de l'Ecole de guerre, officier d'ordonnance du général Joffre, commandant le 27e B.C.A. en juin 1916, « tué à l'ennemi » sur la Somme le 13 septembre 1916 à quarante-deux ans.
*3 A la mémoire du général de division, baron de l'Empire, Pierre Decouz, né à Annecy, mortellement blessé à Brienne le 29 janvier 1814 à trente-huit ans.



Définitions (dans l'ordre alphabétique) :

Apanage : portion de domaine attribuée par un seigneur à un cadet exclu de sa succession.

Basilique : église privilégiée par le pape, notamment parce qu'elle conserve les reliques d'un saint.

Chanoine : du latin canonicus, « théoricien », dignitaire ecclésiastique entre le curé et l'évêque, membre du chapitre (conseil) d'une église cathédrale ou collégiale, ou encore d'une communauté religieuse. Depuis la réforme grégorienne du XIe siècle, on distingue les chanoines séculiers (vivant « dans le siècle », c'est-à-dire hors d'une règle particulière) et les chanoines réguliers (vivant conformément à une règle, généralement celle de saint Augustin, sub regulam beati Augustini), mais tous sont prêtres.

Clerc : chrétien ordonné ministre du culte (diacre, prêtre, évêque), qu'on appelle « père » dans une communauté religieuse.

Collégiale : église qui, sans être une cathédrale (église de l'évêque), possède un chapitre de chanoines.

Confrérie : association pieuse de laïcs, où les femmes ne sont pas qualifiées de soeurs comme dans une congrégation ou un ordre non monastique, mais sont appelées dames ou filles selon leur état civil. Attention : aux XVIIe et XVIIIe siècles, beaucoup de nouvelles congrégations charitables féminines adoptent le nom de « Filles de... » ; cependant, selon le droit canon, il s'agit de soeurs.

Congrégation : selon le Corpus juris canonici, « Corps de droit canon », de 1582, une congrégation est une communauté religieuse qui n'exige que des vœux simples (c'est-à-dire temporaires, renouvelables) ; ses membres sont des religieux séculiers (vivant « dans le siècle », c'est-à-dire hors d'une règle particulière).

Couvent : au sens strict, maison d'une communauté religieuse non cloîtrée.

Fundus : domaine foncier romain ou gallo-romain, sur lequel se trouvent les bâtiments d'une propriété agricole ou villa (voir ci-dessous). En effet, Florentinus, juriste romain du IIe siècle, dans ses Institutiones (Digeste, livre 50, titre XVI), écrit : Locus sine aedificio rure ager appellatur. Idemque ager cum aedificio fundus dicitur. (Ma traduction : « Un lieu sans bâtiment est appelé un terrain rural. Le même terrain avec un bâtiment est nommé domaine foncier. »)

Laïc : chrétien non ordonné ministre du culte, qu'on appelle « frère » ou « soeur » dans une communauté religieuse.

Monastère : au sens strict, maison religieuse dans laquelle des moines ou des moniales vivent à l'écart du monde.

Ordre : selon le Corpus juris canonici, « Corps de droit canon », de 1582, seules peuvent être appelées ordres les communautés religieuses qui exigent des vœux solennels (c'est-à-dire perpétuels, définitifs) dans le cadre d'une règle déterminée ; leurs membres sont des religieux réguliers (vivant conformément à une règle particulière).

Paroissiale : église ouverte aux fidèles d'une circonscription ecclésiastique par rapport à une église abbatiale ou conventuelle, réservée aux membres d'un ordre religieux.

Religieux : selon le droit canon, seuls peuvent être appelés religieux les chrétiens qui prononcent des vœux solennels ou simples. Ainsi ne faut-il pas confondre les religieux et les clercs (les ministres du culte), lesquels ne sont pas obligés de prononcer des vœux. Parmi les membres des communautés mentionnées ci-dessus, les barnabites sont des clercs, mais considérés comme des religieux, car appartenant à un ordre, alors que les lazaristes, qui ne sont pas des clercs, ne sont pas considérés comme des religieux parce qu'ils font partie d'une société de vie apostolique n'exigeant pas de vœux.

Villa : propriété agricole romaine ou gallo-romaine, avec sa pars urbana, l'ensemble d'habitation, et sa pars rustica, l'ensemble d'exploitation, le tout sis sur un domaine foncier ou fundus (voir ci-dessus).



Sources principales


  • GUICHONNET, Paul (sous la direction de), Histoire d’Annecy, Toulouse, éditions Privat, 1987.

  • GUICHONNET, Paul (sous la direction de), Histoire de la Savoie, Toulouse, éditeur Edouard Privat, 1973.

  • LEGUAY, Jean-Pierre (sous la direction de), Histoire de la Savoie, tomes I, II, III et IV, Rennes, éditions Ouest France, 1983, 1984, 1985, 1986.

  • HASQUENOPH, Sophie, Histoire des ordres et congrégations religieuses en France du Moyen Age à nos jours, Paris, éditions Champ Vallon, 2009.



    Le saint et la sainte d'Annecy :

    Saint François de Sales : François de Sales naît le 21 août 1567 au château de Sales près du village de Thorens à une vingtaine de kilomètres d’Annecy. D’abord élève à l'école de La Roche-sur-Foron, puis au collège chappuisien d’Annecy, il poursuit ses humanités au collège de Clermont à Paris et à la faculté des Arts, où il découvre les problèmes de la prédestination, posés par les calvinistes. En 1588, il part pour Padoue, où il étudie le droit et la théologie, puis, après son doctorat, voyage en Italie. De retour en Savoie, il veut entrer dans les ordres, mais se soumet à la volonté de son père et s’inscrit au barreau de Chambéry. Néanmoins, il renonce rapidement à son état d’avocat et à son droit d’aînesse, et, fin 1593, il est ordonné prêtre. Prévôt du chapitre cathédral de Genève, replié à Annecy à la suite de la réforme protestante, il décide de lutter contre celle-ci, non par la force, mais par la persuasion, et il se porte volontaire pour accomplir, de 1594 à 1598, une difficile mission de prédication dans le Chablais, lequel, venant d’être occupé par les Bernois, a gardé la religion réformée. Refusant d’être protégé par les armes, François de Sales débat et prêche inlassablement dans toute la région par la parole et par l’écrit au moyen de feuilles imprimées périodiques qu’il distribue ou placarde, une nouveauté, trente-cinq ans avant la première gazette de Théophraste Renaudot, qui en fera le saint patron des journalistes. Dès 1596, il rétablit la messe à Thonon, capitale du Chablais, et réussit à ramener une grande partie des habitants au catholicisme par son éloquence et sa douceur (« Tout faire par amour et rien par force », lettre à Jeanne de Chantal du 14 octobre 1604). En 1599, le pape Clément VIII le nomme coadjuteur de l’évêque de Genève, Claude de Granier, c’est-à-dire son adjoint (du latin coadjutor, « assistant », de coadjuvare, « seconder »). François de Sales réorganise alors le diocèse en développant l’instruction et la culture. Début 1602, l’évêque l’envoie en mission diplomatique à Paris afin de convaincre Henri IV de restituer les biens confisqués au clergé lors de l'annexion par la France de la Bresse, du Bugey et du pays de Gex. Le roi de France lui propose l'archevêché de Paris, mais le Savoisien déclare qu'il préfère demeurer dans ses « aspres montagnes » ! Fin 1602, à la suite du décès de Claude de Granier, François de Sales est consacré évêque de Genève à Annecy. Contrairement à l’usage de l’époque, il visite toutes les paroisses (près de cinq cents !) de son vaste diocèse et, se souciant de réformer les communautés religieuses dans l’esprit du concile de Trente*, mettant en valeur l'égale dignité de l'homme et de la femme, il donne une impulsion décisive à la formation des congrégations féminines, lesquelles permettent aux femmes dévotes de se consacrer à la fois à Dieu et au service du prochain. Il acquiert une telle réputation qu’il est amené à entretenir une abondante correspondance spirituelle et à prêcher dans d’autres diocèses. En 1604, à Dijon, il rencontre Jeanne de Chantal. En 1608, il écrit l’Introduction à la vie dévote, qui, dans un langage simple, sans pédanterie, s’adresse à un large public en vue de lui montrer qu'il est possible de mener une existence parfaitement chrétienne quelle que soit sa situation dans le monde (« Où que nous soyons, nous pouvons et devons aspirer à la vie parfaite »). Cet ouvrage, diffusé dans toute l’Europe, connaît un immense succès et accroît le prestige intellectuel et spirituel de François de Sales. En 1616, à l’intention des visitandines, il publie le Traité de l’amour de Dieu. L’élégance et la pureté de son style en feront aussi le saint patron des écrivains. En 1618, il accompagne le duc de Savoie à Paris, où il multiplie les conférences et les conseils spirituels. Il meurt d’épuisement le 28 décembre 1622 à Lyon. Son corps, transporté à Annecy, est inhumé dans la première église de la Visitation, l’actuelle église Saint-François. Béatifié en 1661, puis canonisé en 1665 par le pape Alexandre VII, il est proclamé docteur de l’Eglise en 1877 par le pape Pie IX. Ses reliques sont conservées aux côtés de celles de sainte Jeanne de Chantal dans la basilique de la Visitation après moult péripéties depuis la Révolution française ! Dès 1637, Jeanne de Chantal fait éditer ses oeuvres complètes avec les Épîtres (déjà publiées en 1626) et les Entretiens (déjà publiés en 1629). De plus, une excellente édition critique, avec la correspondance complète, est réalisée, de 1892 à 1964, par les visitandines d’Annecy.

    * Dès 1606, à la suite de son inspection, François de Sales constate la dégénérescence de certaines communautés religieuses anciennes : Il est surprenant de voir à quel point la discipline régulière est partout ruinée dans les abbayes et prieurés de ce diocèse (j'excepte les chartreux et les mendiants). Chez tous les autres, l'argent s'est changé en scorie et le vin a été mêlé d'eau, bien plus, s'est transformé en venin. Aussi font-ils blasphémer les ennemis de Dieu, qui disent chaque jour : « Où est donc le Dieu de ces gens ? » Même si, selon Frédéric Meyer (« Querelle des évêques et des réguliers dans les Alpes du Nord au XVIIe siècle ? François de Sales face aux ordres religieux », Histoire des Alpes, 2013, n° 18), le saint homme a, parfois, une vision trop sombre de la situation, en particulier concernant les pays de montagne qu’il connaît moins bien, au fond, il souhaite restaurer l’autorité épiscopale sur les ordres afin de garantir la stricte observance de leur règle. De plus, il entend favoriser les religieux actifs (ordres non monastiques et congrégations séculières). C’est pourquoi il fait preuve d’indulgence envers les frères mendiants (dominicains et franciscains), ouverts au monde, alors qu’il se montre sévère à l’égard des moines, cloîtrés et contemplatifs. Par exemple, à Annecy, il enjoint aux moniales cisterciennes de Sainte-Catherine-du-Mont au Semnoz ainsi qu’à celles de Bonlieu de s’installer en ville, mais elles refusent ! François de Sales s’attache également à développer l’éducation et tente de recouvrer les revenus ecclésiastiques accaparés par les abbayes en vue de financer notamment la formation du clergé diocésain pour mieux encadrer les fidèles. Cherchant des enseignants, il ne parvient pas à attirer les jésuites, mais réussit à faire venir les barnabites au collège chappuisien d’Annecy en 1614, puis au collège de Thonon en 1616. Pourtant, à sa mort en 1622, le prince-évêque de Genève n’a pas obtenu les résultats escomptés, lesquels ne sont pas à la hauteur des efforts fournis. Néanmoins, au début de ce qu’on a appelé « la querelle des évêques et des réguliers », François de Sales « apparaît comme le modèle des évêques consensuels, alliant fermeté et dialogue » (Frédéric Meyer, op. cit.).

    Sainte Jeanne de Chantal : Jeanne-Françoise Frémyot, née le 23 janvier 1572 à Dijon, reçoit une solide éducation grâce à son père, président du Parlement de Bourgogne. En 1592, elle épouse Christophe de Rabutin, baron de Chantal, avec lequel elle a six enfants jusqu’en 1601, où son époux meurt accidentellement. Elle fait alors vœu de ne point se remarier et de se consacrer à des œuvres de charité. En 1604, elle rencontre François de Sales, venu à Dijon pour prêcher, qui accepte de devenir son directeur spirituel. Entre eux, se noue une relation profonde et affectueuse de confiance mutuelle. En 1617, bouleversée par la mort de l’une de ses filles, elle tombe gravement malade, mais guérit et part fonder plusieurs monastères de visitandines en France et, à Paris, fait la connaissance d'Angélique Arnaud, abbesse de Port-Royal et figure majeure du jansénisme. Après le décès de François de Sales en 1622, Jeanne de Chantal s’occupe des treize monastères de l’ordre et, en vingt ans, en fonde pas moins de soixante-quatorze autres ! En 1635, lors de l'Assemblée du clergé, elle réussit à faire admettre que les monastères demeurent sous la seule autorité des évêques, sans supérieure générale ni visiteur apostolique (papal), et que le premier monastère d'Annecy reste « le dépositaire principal de l'esprit de l'Institut et de la tradition du sens de la Règle ». A sa mort, le 13 décembre 1641, elle laisse l'ordre solidement établi avec quatre-vingt-sept monastères. Son corps, ramené à Annecy, est inhumé dans la première église de la Visitation, l’actuelle église Saint-François. Jeanne de Chantal est béatifiée par le pape Benoît XIV en 1751. Néanmoins, soupçonnée de quiétisme et de sympathies jansénistes, elle n’est canonisée par le pape Clément XIII qu'en 1767, même si les visitandines sont réputées pour leur orthodoxie et mobilisées en 1664 afin de soumettre les religieuses du foyer janséniste de Port-Royal. Les reliques de sainte Jeanne de Chantal, patronne et protectrice des personnes « oubliées » (rejetées par la société), des mères de famille et des veuves, sont conservées aux côtés de celles de saint François de Sales dans la basilique de la Visitation. A l’instar de sa petite-fille, la célèbre marquise de Sévigné, ses lettres sont publiées en 1660, puis rééditées en 1883.


    Les tribulations des reliques. Après le décès de François de Sales, son cœur et d’autres reliques sont conservés à Lyon, mais son corps, embaumé, est, selon ses vœux, transporté à Annecy, où il parvient le 22 janvier 1623. Avant d’être inhumé à droite de l’autel de la première église de la Visitation, l’actuelle église Saint-François, il repose trois jours dans l’église du Saint-Sépulcre (aujourd’hui disparue), puis sur un lit d’honneur au sein de l’église des franciscains, l’actuelle cathédrale Saint-Pierre. En 1648, sa dépouille mortelle est placée dans la chapelle reconstruite et agrandie de la Visitation avec celle de Jeanne de Chantal. En 1793, face à l’anticléricalisme de la Révolution française dans une Savoie occupée et annexée par les Français, les religieuses, craignant la violation des sépultures, décident de mettre les corps des saints en lieu sûr, mais leur entreprise de sauvetage échoue et elles doivent ramener les dépouilles dans une église saccagée par l’extrémisme révolutionnaire. Cependant, dans la nuit du 21 au 22 décembre 1793, un petit groupe de catholiques fervents réussit, en grand secret, à substituer des squelettes inconnus aux reliques, lesquelles sont dissimulées dans une maison particulière. En 1803, sous le Consulat, le secret est révélé et, en 1806, sous l’Empire, les reliques de saint François de Sales sont déposées dans l'église Saint-Pierre, et celles de sainte Jeanne de Chantal dans l'église Saint-Maurice. En 1826, elles sont réunies dans l’église du nouveau monastère de la Visitation, rue Royale, puis, en 1911, dans l’église (devenue basilique) du monastère actuel au-dessus du château.


    Annecy, « petite Rome en Savoie ». A la suite du triomphe de la réforme protestante à Genève, Annecy devient de facto le siège de l'évêché et la « citadelle avancée de la Contre-Réforme » ou réforme catholique. En effet, dès 1536, arrivent la plupart des chanoines du chapitre cathédral de Saint-Pierre de Genève, le collège des desservants de la chapelle dite des Macchabées (fondée par le cardinal de Brogny en 1406) et les clarisses, religieuses franciscaines. Tandis que les premiers trouvent refuge chez les franciscains dans leur chapelle Saint-François (d’Assise, future cathédrale Saint-Pierre, à ne pas confondre avec l'église Saint-François, de Sales, ex-chapelle de la Visitation), les secondes occupent un bâtiment destiné à des dominicaines. Quant à l'évêque Pierre de la Baume et à ses successeurs, ils demeurent dans leur Franche-Comté d'origine, et c'est seulement en 1568 que le premier évêque de Genève, Ange Giustiniani, réside en permanence à Annecy. Cependant, même si celui-ci promulgue les décrets du concile de Trente, la Contre-Réforme ou réforme catholique savoisienne commence vraiment en 1578 avec l'évêque suivant, Claude de Granier, auquel succède François de Sales en 1602. De la fin du XVIe siècle au milieu du XVIIe, six autres ordres et une congrégation s'intallent dans la petite capitale de l'apanage de Genevois-Nemours : en 1592, les capucins aux Marquisats ; en 1614, les visitandines au bord du Thiou et les barnabites au collège chappuisien ; en 1634, de nouvelles visitandines, en face des premières, de l'autre côté du Thiou ; en 1638, les annonciades au faubourg Perrière ; en 1639, les bernardines réformées au Pâquier ; en 1641, les lazaristes au nouveau grand séminaire ; en 1648, les cisterciennes de Bonlieu au faubourg dit faussement de « Boeuf ». Ces maisons religieuses*, treize au total (avec les chanoines réguliers de Saint-Antoine et du Saint-Sépulcre, avec les hospitaliers de Saint-Jean, les dominicains et les franciscains), accaparent certes de grands espaces urbains ou périurbains, de vastes terres agricoles et des forêts, mais prennent en charge éducation et soins ; font travailler paysans, ouvriers, artisans et commerçants locaux, favorisant ainsi la croissance économique de la ville.

    * Pour plus d'informations sur ces différentes maisons, voir plus haut à partir de 1179 et selon les dates susmentionnées ; voir également le plan d'Annecy en 1732 et les définitions ci-dessus.



    Quel est le genre d’Annecy ? En français, même s’il n'y a pas vraiment de règle pour le genre des noms de villes, dans l'usage courant, ceux-ci sont, en général, masculins, sauf lorsqu’ils incluent un élément féminin (« la/bonne/ville/sainte », etc.). Toutefois, dans la langue littéraire, les écrivains privilégient plutôt le féminin, usité en ancien français et, sauf rares exceptions, en latin, lequel comportait un genre neutre, où l'on trouvait certains noms de villes, par ex., Lugdunum (Lyon). Cependant, la plupart des noms neutres du latin classique sont passés au masculin en latin populaire de l'Antiquité tardive et, de là, en français ; les noms féminins des villes ont ensuite suivi cette évolution. Au sujet d’Annecy, quand, au milieu du XIIe siècle, le pape Eugène III distingue les églises d'Annecy-le-Vieux (Saint-Laurent) et d'Annecy-le-Neuf (Saint-Maurice, sous le château), il écrit ecclesias Annessiaci veteris et novi. Le nom propre Annessiaci est le génitif de Annessiacum (« Annecy », en latin médiéval), qui n'est ni féminin ni masculin, mais neutre, car, dès le haut Moyen Age, le nom gallo-romain des domaines fonciers, tel celui d’Aniciacus (ayant donné le nom d'Annecy), plus ou moins déformé, était employé, seul comme toponyme, avec une désinence neutre en -um (pour Annecy, première occurrence connue en 867). Néanmoins, dans la région d’Annecy, on parlait surtout le francoprovençal dans ses variantes genevoise, puis savoisienne. Comme on disait în-ssi-l'vyu (« Annecy-le-Vieux ») à Annecy et en Albanais, on peut donc penser que le nom d'Annecy, encore neutre dans les documents officiels en latin « savant », était déjà masculin en francoprovençal. Cela dit, selon Maurice Grevisse, Grammaire française (de Boeck-Duculot, 2011, § 464, page 613), « [en français,] tous les noms ont un genre ; quelques-uns ont les deux genres [...] ». Ainsi, dans l'usage actuel, trouve-t-on Annecy dans les deux genres, au masculin, quand on pense à Annecy-le-Vieux, et au féminin, quand on pense à la ville ; ex. :
    Au masculin : « Annecy est admirablement situé [...]. » (Guide Michelin, « Alpes du Nord », 1999, page 67)
    Au féminin : « Annecy est une minuscule et rustique soeur de Venise. » (Plaisir de France, février 1960, page 16)



    Etymologie du nom de quelques quartiers d'Annecy, anciens lieux-dits.

    Albigny : nom issu de la villa Albiniaca, « propriété agricole d'Albinus », appartenant peut-être à Titus Pompeius Albinus, chevalier romain du Ier siècle apr. J.-C., l'un des deux magistrats suprêmes de la cité de Vienne, où il possédait de nombreux domaines.


    Aléry : nom issu de la villa Aleriaca, « propriété agricole d'Alerius », patronyme romain.


    Balmettes : nom signifiant « petites grottes », issu du savoyard et du gaulois balma, « grotte ».


    Fins : nom issu du latin finis, « limite ». Dans ce sens propre et au pluriel (fines), ce terme indique les limites des champs (fines agrorum), d'un territoire, voire les frontières d'un pays (Gaffiot) ou encore les embouchures des fleuves (fines fluviorum) (Bornecque). Depuis l'établissement du cadastre français en 1860, ce mot désigne un quartier qui, sur la fameuse mappe sarde de 1730, en vigueur jusqu'en 1860, portait les noms des mas (« domaines fonciers ») du Petit-Brogny (122 parcelles) et des Solliers (14 parcelles), lesquels allaient, en gros, au nord, au-delà du boulevard du Fier et, d'ouest en est, du parc des Sports au chemin du Périmètre. Quant au mas des Grandes Fins (123 parcelles), il partait, toujours en gros, de la montée de Novel pour descendre jusqu'au niveau des boulevards Decouz et du Lycée, et s'étendait de l'avenue de Brogny au chemin du Périmètre, puisque, selon un auteur, cette mystérieuse appellation médiévale des Grandes Fins faisait référence à la limite entre Annecy-le-Vieux et Annecy-le-Neuf.


    Novel : nom issu du latin classique novellus/a/um, « nouveau/récent/jeune », et précisément du latin tardif novella, « jeune plantation » (selon Flavius Cresconius Corippus, évêque d'Afrique romaine au VIe siècle apr. J.-C.), désignant ensuite une « terre récemment défrichée », par ex. dans une charte médiévale octroyée au manoir de Novel par Guillaume II, comte de Genève (voir ci-dessus) : apud novellas juxta Nanciacum, « aux terres nouvelles à côté d'Annecy ».


    Romains : nom rappelant l'emplacement de l'ancien bourg gallo-romain de Boutae qui s'étendait entre les voies actuelles de Genève, des Iles et du Bel-Air.


    Teppes : nom issu du savoyard tèpa, « friche ».

    N.B. On trouve parfois ce mot orthographié teppaz, mais, dans l'écriture du francoprovençal, un z à la fin d'un mot ne se prononce pas et indique simplement que la dernière voyelle est atone, donc on doit dire tepp(a), sans accentuer le a.


    Vovray : nom issu du latin tardif vavra, « terre inculte ».


    Sources : Termes régionaux de Suisse romande et de Savoie de Henry Suter, Dictionnaire français-savoyard de Roger Viret, Dictionnaire des racines celtiques de Pierre Malvezin, Dictionnaire latin-français de Félix Gaffiot, Dictionnaire latin-français de Henri Bornecque, Archives départementales de Haute-Savoie (mappes sardes).




    Annecy au temps des Romains


    Le centurion romain


    La romanisation des Allobroges




    Le quizz est en train de charger depuis Quizity.com, le site pour créer un quiz, veuillez patienter...




    Page suivante.


    Page précédente.


    Table générale des matières.


    Alain Cerri : E-mail.